Wiesław Myśliwski commence et termine son livre en évoquant une photographie et raconte l’histoire d’une certaine famille qui ne semble pas être la sienne, mais tout de même inspirée d´elle, car tel est le style de cet écrivain. À travers ses personnages souvent anonymes, il raconte des histoires profondément personnelles.
Wiesław Myśliwski commence et termine son livre en évoquant une photographie et raconte l’histoire d’une certaine famille qui ne semble pas être la sienne, mais tout de même inspirée d´elle, car tel est le style de cet écrivain. À travers ses personnages souvent anonymes, il raconte des histoires profondément personnelles.
Dire que Wiesław Myśliwski est un écrivain connu et apprécié en Pologne, c’est peu dire.
Sept romans à son actif, des centaines d’interviews et d’articles à son sujet, des milliers de critiques et de nombreuses adaptations théâtrales et cinématographiques, et enfin deux “prix Nike”, la plus importante distinction littéraire polonaise. Malgré son âge avancé, il participe toujours à des rencontres avec des lecteurs et des journalistes, mais surtout, il écrit toujours.
Le roman “L’Horizon” est considéré comme son oeuvre majeure. En 1996, ce livre a reçu un grand nombre de prix et c’est à ce moment que les critiques ont commencé à dire qu’il n’y avait pas d’autre auteur vivant aussi exceptionnel en Pologne. Sauf peut-être Olga Tokarczuk, mais elle devra encore attendre deux décennies pour connaître ses plus grands succès.
Wiesław Myśliwski commence et termine son livre en évoquant une photographie et raconte l’histoire d’une certaine famille qui ne semble pas être la sienne, mais tout de même inspirée d´elle, car tel est le style de cet écrivain. À travers ses personnages souvent anonymes, il raconte des histoires profondément personnelles. Il ne s’agit pas d’une autobiographie littérale ; l’auteur lui-même préfère rester ambigu à ce sujet. La vie et la littérature sont proches mais distinctes, affirme-t-il. La littérature de Myśliwski est plus proche du mythe que de la biographie, l’écrivain revisite sans cesse les mêmes endroits et retrouve des personnages similaires. On le voit très bien dans “L’Horizon”, où le temps décrit un cercle et où le personnage principal vit rétrospectivement de nouvelles initiations et se tient sur le seuil séparant l’enfance de la maturité.
Le narrateur, en regardant une photographie de lui et de son père, datant de son enfance, commence à reconstituer le passé dont le souvenir a été conservé par la photographie. Le garçon porte une tenue de marin bleu marine. « On doit donc être dimanche », en déduit le protagoniste.
Et si c’est dimanche, alors « la mère est probablement en train de préparer le déjeuner, comment pourrait-il en être autrement ». Au déjeuner du dimanche, il y a obligatoirement un coq, du bouillon et des nouilles. Et s’il y a un coq, alors quelqu’un doit l’avoir abattu, très probablement Oncle Stefan. Et s’il y a l’Oncle Stefan, alors il faut également parler de Tante Jadwinia. Qu’aimait-elle, quels étaient ses soucis, à quoi ressemblait-elle ? Et ainsi de suite.
Wiesław Myśliwski déroule son récit comme on tire le fil d’une pelote. Il le fait de manière apparemment fragmentée, tout en préservant l’ordre profond d’un récit initiatique. L’axe du récit est formé par les initiations successives du personnage adolescent : Piotr, né quelques années avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Le garçon se souvient de la période d’avant-guerre, de l’Occupation, puis des premières années du communisme. Le narrateur note les petites choses encore plus souvent que les événements historiques spectaculaires. Il décrit les animaux de la ferme, l’abattage du bétail, quand il observe à la dérobée son oncle et sa tante dans la grange, les séances interdites au cinéma, l’intérieur froid de la chapelle de l’église et les arbres du cimetière. Par endroits, on retrouve aussi le souvenir de l’ancien monde juif, balayé par l’Holocauste.
Le centre de ce monde littéraire se trouve dans le village de Dwikozy et la ville voisine de Sandomierz, une ville pittoresque sur les bords de la Vistule, dans le sud-est de la Pologne.
Et bien que “L’Horizon” ne mentionne pas ces noms, il n’y a aucun doute sur la contrée dont parle le romancier. C’est là qu’il a grandi et où il revient sans cesse dans ses œuvres depuis qu’il s’est installé à Varsovie dans les années 1950. Le départ de sa région natale a fait que Dwikozy et Sandomierz sont devenus pour Myśliwski ce que Dublin représente pour James Joyce ou Gdańsk pour Günter Grass.
Marcin Kube
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L’Horizon
Auteur: Wieslaw Mysliwski
Traduction: Margot Carlier
Editeur: Actes Sud
ISBN: 9782330156800
Grand format / Ebook
560 pages
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